Massacre et ratonnade

Le terme de "ratonnade" à forte connotation raciste est largement utilisé pour décrire les actes racistes violents perpétrés à l'encontre des musulmans en Algérie ou en métropole. Il dérive du terme "raton" désignant de façon fortement péjorative les musulmans.

"La vengeance de la population est immédiate. 70 musulmans sont tués lors d'une "ratonnade" dans la casbah d'Alger." (Exposition "Images de la guerre d'Algérie" - 2002 - "la Coupole" , Paris ).

En revanche, les faits identiques dirigé contre la population européenne n'ont jamais eu de  terme spécifique pour les qualifier, le terme de "massacre" étant le plus couramment utilisé.

Si ce terme n'est pas inexact, il ne rend absolument pas compte du caractère raciste de ces massacres, ni ne met de terme spécifique en contrepoint du terme "ratonnade".

Jean-Paul Sartre écrivait à ce sujet : «Pogrom : le mot, jusqu’ici, ne se traduisait pas en français. Par la grâce du préfet Papon, sous la Ve République, cette lacune est comblée. Née à Alger, la ratonnade s’installe à Paris. Les juifs parqués au Vel d’Hiv sous l’occupation étaient traités avec moins de sauvagerie par la police allemande que ne le furent, au Palais des Sports, par la police gaulliste, les travailleurs algériens (...) Il n’y a jamais eu de terrorisme aveugle du FLN. Eut-il été décidé, les cadavres de policiers joncheraient les rues.» 17 octobre 1961 : pour que nul n’oublie - El Watan - Lundi 16 octobre 2006

Pourquoi parler de "pogrom"?

Plutôt que d'utiliser un néologisme quelconque, le terme de pogrom est complètement adapté pour qualifier les massacres d'Européens organisés durant la guerre d'Algérie car on y retrouve les caractéristiques tels que définies par Yvan Amar sur RFi :

• un mouvement populaire

• vise une minorité ethnique ou religieuse, les actions sont donc clairement racistes

• pillage, avec souvent des violences à l’égard de la population, des assassinats la plupart du temps, et les massacres en nombre ne sont pas rares.

• passivité des forces de l’ordre -ici le FLN- qui ne font rien pour empêcher ces crimes, les tolèrent. Ils en sont même les commanditaires en Algérie.

De plus il y a un précédent dans l'immédiat avant-guerre en Algérie : en 1934, les Juifs de Constantine sont victimes d'un pogrom de la population musulmane.

Si le terme a été créé en Russie pour les massacres de Juifs, en 1954 les grecs orthodoxes d'Istanbul seront victimes de ce qui est appelé le "pogrom d'Istanbul". Ce pogrom organisé par les Turcs précède d'un an là peine les pogroms anti-européens d'El-Halia et Aïn-Abid.