5 Août 1934
Du 3 au 6 août 1934, une série
d'incidents amèneront à un pogrom terrible où une foule de musulmans se livrera
au sac du quartier juif ainsi qu'au massacre de ses habitants.
Le 3 août, une rixe oppose un tailleur attaché à un
régiment de zouaves à des fidèles musulmans. Alors que chacun des opposants
reçoit le soutient de sa communauté, la force publique intervient et le
représentant préfet convoque les notables des deux parties en prêchant
l'apaisement.
Le lendemain, le conseiller municipal Narboni, figure se la
communauté juive de Constantine, décède.
Le 5, jour du pogrom, des récits contradictoires accusent
tantôt l'assassinat de musulmans tués par balle, ou bien une émeute des
musulmans. Toujours est il qu'une foule de musulmans menée par un noyau dur
particulièrement organisé fait un véritable carnage dans le quartier juif
avec un bilan de 27 morts, dont 25 juifs et parmi eux : 5 enfants, 6 femmes et
14 hommes.
Les autorités dépassées
Le rôle des autorités Françaises est controversé. La police
et l'armée, accusés de passivité, ont reçu des consignes de modération suite aux
incidents du 3 août, et ne sont pas armés pour éviter d'avoir à tirer dans la
foule. D'autre part, les forces Française comptent en majorité des musulmans
dans leurs rangs et le 3 août déjà des mouvements à soutenir la populations
musulmane avaient été remarqués dans leur rangs.
Sur les 1.000 hommes des garnisons de Constantine, 700
étaient musulmans.
Les Français d'Algérie ne sont pas ou peu intervenus. Face
à la sauvagerie, si certains ont profité de l'émeute les individus sont en
globalité restés discrets, ne prenant pas partie afin de se préserver. Le
pogrom est le fait des musulmans uniquement.
Les racines du mal
Évoquer une importation de l'antisémitisme européen se
heurte à deux réalités. D'une part les forces politiques qualifiées
d'antisémites, notamment la municipalité de Constantine et son maire E. Morinaud
intègrent dans leurs rangs des personnalités juives telles que Narboni. D'autre
part les mouvements politiques européens trouve un écho nul dans la population
musulmane tout à l'écoute de ses leaders.
Si on évoque une origine sociale à ce pogrom, force est de
constater que la cible concerne une communauté particulière suivant la base du
principe "les juifs ont l'argent".
Le succès des juifs à s'intégrer dans la communauté
Française et à y prospérer s'oppose à la déchéance des musulmans dont le refus
de s'y soumettre pour ne pas renoncer à la Chariah à toujours été pour eux une
source de fierté.
Le mouvement nationaliste arabe d'origine Syrienne et
Egyptienne à été évoqué. Si on ne peut attribuer la paternité de ce pogrom à un
ordre venu de l'extérieur, les personnalités politiques locales musulmanes
véhiculaient ce type de discours de nature à enflammer les foules.
C.R. Ageron écrit "En 1934,
Constantine fut en quelque sorte l'épicentre des divers courants d'agitation qui
animaient la communauté musulmane, frappée par la crise économique, mais
aussi saisie par l'espoir d'une Renaissance nationale".
L'ombre de l'Etoile Nord Africaine
Des membres du mouvement de Messali Hadj seront inculpés
pour avoir fromenté ce pogrom. La défense sera assurée par Robert-Jean
Longuet, arrière petit fils de Karl Marx, au nom de l'Association
Juridique Internationale qui se propose de défendre "toutes les victimes
de l'oppression et du fascisme".
[1]
Robert-Jean Longuet est connu pour la création en 1932 de
la revue Maghreb qui illustre le soutien de la gauche Française aux
mouvements nationalistes marocains.
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