Aux sources du conflit
Le conflit tire ses racines de plusieurs situations de
l'Algérie coloniale :
- La structure communautarisée de la société coloniale Algérienne
dominée par une minorité ethnique.
- L'émergence du nationalisme arabe
et sa collusion avec les mouvements marxistes européens
- L'islam qui est la religion majoritaire en
Algérie doit contre sa doctrine se soumettre à une minorité religieuse
de chrétiens et de juifs.
- La situation économique et sociale en faveur des
minorités religieuses.
La domination par une puissance coloniale extérieure qui
"exploiterait" des ressources et une population locale, bien trop simpliste,
exclut l'ensembles de ces facteurs qui sous-tendent la réalité
Algérienne.
Une société coloniale Algérienne communautarisée
La société coloniale Algérienne n'est pas faite sur le
modèle républicain Français avec des lois s'appliquant à tous.
La minorité disposant du statut de citoyen Français (les Français d'Algérie) a
le pouvoir politique, les musulmans s'y inscrivant avec leur structure
traditionnelle par le code de l'indigénat. Appliqué aux populations arabo-musulmanes
il reconnait des
délits spécifiques tels que :
- réunion sans autorisation
- départ du territoire de la commune sans permis de
voyage
- acte irrespectueux, propos offensant vis-à-vis d’un
agent de l’autorité (celui-ci pouvant être un musulman)
- ...
Toutefois, afin de préserver
les usages de la société
musulmane traditionnelle impossible à maintenir dans le cadre législatif
Français, le code de l'indigénat outre le maintien du statut
fiscal musulman et le mariage précoce et forcé des jeunes filles (djebr),
prévoit des droits
spécifiques pour les hommes musulmans tel que :
- l'homme musulman hérite d'une part double de celle
d'une femme (régies par des calculs complexes fonction des liens de
parenté).
- l'homme musulman peut avoir plusieurs épouses
- l'homme musulman peut répudier une épouse
Des restrictions spécifiques s'appliquent à la femme :
- La musulmane ne peut épouser un non musulman (il ne
s'agit pas d'un choix communautaire mais bien d'une règle dont l'infraction
est sanctionable par les tribunaux idoines).
- L'épouse est tenue d'obéir à son mari
D'ailleurs personne en Algérie et cela est vrai en en 1954, ne demande l'égalité des
droits pour tous
ce qui reviendrait à abolir le code de l'indigénat, mais
également les privilèges accordés par le droit islamique aux hommes musulmans
sur les femmes.
La revendication contre l'état colonial réclame simplement
pour les musulmans
l'égalité des droits
politiques.
Ce terme suffisamment vague ne comprend que la
représentativité des algériens musulmans égale à celle des algériens français au
sein des institutions, avec pour ces derniers la crainte de se voir priver en
tant que minorité ethnique et religieuse, d'une quelconque reconnaissance et par conséquent devoir subir
la loi de l'islam, en particulier le statut infamant réservé au
non-musulmans.
L'islam, inégalitaire par nature
Parmi les principes de l'islam qui sont contradictoires
avec les principes démocratiques d'égalité admis en occident depuis le XVIIIè
siècle, un document récent datant de 1990 énonce un
ensemble de règles qui éclairent sur la nature profonde de l'islam : la
Déclaration du Caire sur
les droits de l’homme en Islam .
Postérieur à l'Algérie Française, ce texte éclaire de façon édifiante sur la
nature de l'islam et la conception de la société
islamique qu'en ont les états musulmans, tous issus de la décolonisation et
porteurs des valeurs de ces mouvements "d'émancipation".
Quelque peu édulcorée, cette vision bénéficie de la confrontation de l'islam avec les modèles
de société démocratiques occidentaux qui l'ont dépourvu de ses aspects les plus
rétrogrades, qu'on retrouve en filigranes dans certains articles.
Notamment l'article 6 qui conteste formellement l'égalité homme/femme, la
femme n'étant l'égale de l'homme qu'au niveau de la "dignité humaine".
De la même façon, l'islam ne considère pas l'égalité des individus, en
particulier l'article 1-a. définit les hommes égaux en "dignité, en devoir et en
responsabilité" mais ne les déclare pas égaux en droit.
L'article 22-c limite de manière stricte la liberté d'expression à l'encontre de
l'islam et des religions dans le contexte musulman.
L'islam se prévalant comme étant le cadre normal de la société, il ne tolère en
aucune façon les valeurs humanistes universalistes telles que définies par la
déclaration
des droits de l'homme et du citoyen de 1789 Française ou la
déclaration des droits de l'homme Américaine.
La réussite des agriculteurs venus d'Europe
En étant une société communautarisée, la société Algérienne
évolue dans ces contraintes.
La minorité Algérienne d'origine Européenne dispose du pouvoir
politique et économique avec une agriculture et une industrie très développée.
L'agriculture en particulier est particulièrement performante depuis l'arrivée
des colons au milieu du XIXè siècle. Important les techniques utilisées sur
leurs îles arides d'origine (Baléares, Sicile, Malte), ils ont transformé
les pâtures arides et sous-exploitées par la population autochtone en vergers et
en champs de primeurs. Le développement de la vigne a de son coté mis en valeur
les terrains les plus pauvres.
Les travaux d'assèchement des ingénieurs Français dans la plaine de la Mitidja
ont transformé en quelques années le marécage insalubre en une vaste plaine
fertile. Il convient
de souligner que dès la conquête, si des terres peuvent être prises en mesure de
rétorsion, l'achat ou la location de terrains fait partie du cadre normal de la
colonisation avec ses actes notariés.
Les remembrements (Sénatus-consulte du 22 avril 1863, loi foncière du 26 avril
1887) qui ont permis aux tribus Arabes et Berbères de vendre les terres
communautaires et de tirer un profit immédiat qui sur le long terme bénéficie
aux Européens et leur efficacité à mettre la moindre parcelle en valeur.
La dimension sociale du conflit tient à la réussite unique des
colons et leur descendants dans le domaine agricole là où l'agriculture
traditionnelle locale n'est pas en mesure de suivre les besoins d'une explosion
démographique. Le nationalisme Arabe
Le mouvement nationaliste Arabe
qui au début du XXè siècles s'affirmera face aux Ottomans avec l'aide des
nations Européennes, France et Angleterre, se développe après la deuxième guerre
mondiale avec les mouvements Baas, le nassérisme et dans le contexte de
guerre froide à une alliance plus ou moins ouverte avec le bloc soviétique.
Ce nationalisme est faussement
qualifié de "laïc" car opposé à une vision conservatrice de la société musulmane
et incluant une lutte féroce contre les tenants d'une société islamique dirigée
par les religieux comme en Egypte les frères musulmans.
Cela a pu faire passer cette doctrine pour laïque aux yeux des occidentaux, en
particulier la gauche qui cherchait une dimension internationaliste.
C'est en fait une vision différente, qui loin d'exclure l'islam en fait même une
référence politique mais aux mains de laïcs pour qui l'islam constitue même une
référence selon Michel Aflaq, le chrétien à l'origine de la doctrine Baasiste.
Loin d'exclure l'islam du champ de la politique publique, le nationalisme arabe
en fait même un fondement de sa doctrine en se l'appropriant et en luttant
contre les tentations de pouvoir des religieux, étant loin de la laïcité en se
cantonnant à un simple anti-cléricalisme de pouvoir.
Les références à l'islam ainsi
qu'aux frères arabos-musulmans y ajoutant ainsi une notion panarabique, sont des
références permanentes des mouvements insurrectionnels en Algérie à toutes les
époques, y compris lors des événements de 1954 qui amenèrent à la guerre
d'Algérie et à l'indépendance.
Ajouté à cela la concomitance
de la création de l'état d'Israël en 1948, les problématiques de soutien à
la création de l'état hébreu par la France et la promotion de la minorité juive
d'Algérie autrefois ostracisée par les musulmans, cette guerre s'inclut
donc dans le vaste mouvement nationaliste Arabe.
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