Lexique

L'histoire d'une guerre occultée par l'épouvantail de la torture.


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Préambule

L'emploi des mots dans le contexte colonial est chargé de sous entendus. En particulier, les discours colonialistes et anti-colonialistes utilisent certains termes plutôt que d'autres dans le but de légitimer leur point de vue, ce qu'on peut ensuite retrouver dans des travaux historiques. Le choix des mots dans ce contexte n'est jamais innocent, aussi ce lexique a pour but de préciser la réalité que cache chaque terme.

Al-Djazaïr

C'est le nom de l'Algérie en arabe, pris après l'indépendance. Le code international est DZA en remplacement du français ALG.

Algérie

Sous domination turque avant l'arrivée des Français, la cote d'Afrique du nord bordée à l'ouest par le royaume du Maroc n'a pas d'unité politique avec des Dey à Alger et Tunis qui gèrent un périmètre géographique limitrophe.
En conquérant en 1830 ce qui s'appelle alors en Europe la "Barbarie", la France crée l'Algérie et lui donne ce nom.
Les frontières actuelles de cet état correspondent au découpage fait par la France de ses anciennes possessions en Afrique.
A ces deux titres, l'Algérie dans sa forme contemporaine est une création Française.

Algérien

Ce terme définit avant 1962 les Français d'Algérie, et après l'indépendance les citoyens d'Algérie.

Or son utilisation est relativement fréquente pour qualifier avant l'indépendance les seules personnes de culture arabo-musulmane[1] , les populations de souche européenne en Algérie étant appelés les colons et les personnes de confession israélite les juifs.
En plus de semer a confusion, cet usage n'est pas exact car :

  • parmi  les arabo-musulmans habitant l'Algérie certains sont originaires de pays limitrophes en particulier le Maroc.
  • les autochtones juifs vivent en Algérie depuis des siècles voire des millénaires, en quoi ils ne sont pas moins Algériens que les précédents.
  • les descendants de colons vivent en Algérie depuis plus de 6 générations au moment de l'indépendance avec une culture locale affirmée et des institutions qui si elles dépendent de la France sont clairement affirmées "d'Algérie" (Banque, associations ...).

Le terme d'Algérien n'étant pas avant 1962 une nationalité, il ne peut être utilisé que pour parler de l'ensemble des habitants d'Algérie, quelle que soit leur appartenance ethnique ou religieuse.

Arabo-musulman

Formé de la juxtaposition de deux adjectifs, il désigne l'appartenance ethnique et culturelle à la tradition arabe et/ou musulmane. Cela inclut par exemple les Berbères non arabophones mais  cependant de culture musulmane, de même que toutes population de religion musulmane vivant dans une zone d'influence culturelle Arabe, qu'elle soit arabophone ou pas.
D'un point de vue arabe, la distinction entre monde arabe et monde musulman est difficile tant l'histoire des Arabes est liée à l'islam.

Colon

Les colons sont des immigrants qui occupent un territoire avec le soutien de la puissance coloniale étrangère qui l'administre.
Sont aussi qualifiés de colons les descendants de ces immigrants nés sur le sol du territoire colonisé. Si bien que sont désignés sous ce vocable, des familles dont tous les membres sont nés en Algérie, ainsi que plusieurs générations antérieures.

Indigène

C'est le terme utilisé par l'administration coloniale Française pour désigner les musulmans vivant en Algérie.
Ce terme est impropre puisque parmi ces musulmans d'Algérie, certains étaient originaire des territoires voisins du Maroc et de Tunisie, et que les indigènes de confession juive étaient depuis le décret Crémieux considérés comme Français d'Algérie.
Plus qu'une réalité

Juif

Les personnes de confessions Israélite en Algérie descendent soit de populations habitant l'Algérie avant la conquête Française et qui sont donc autochtones, soit de colons venus de métropole.
Le décret Crémieux fera des autochtones Juifs des citoyens Français.

Maghreb, Maghrébin

Le Maghreb désigne en Arabe l'occident ou le couchant, c'est à dire la zone géographique du Maroc et de la Maurétanie. Cette dénomination a été étendue aux trois pays d'Afrique du Nord : Algérie, Maroc et Tunisie. En particulier le qualificatif maghrébin a commencé à être utilisé au milieu des années 70 pour qualifier les immigrants venant de ces pays, et plus largement les personnes de culture arabo-musulmane qui en sont originaires.
Bien qu'étant originaires de cette zone géographique, sont donc exclues  les personnes originaires d'Afrique du Nord  de confession juive ou chrétienne¨(Pieds-Noirs).
Il vient remplacer le mot Arabe du langage courant en se voulant plus précis et plus exact, ce qu'il n'est malheureusement pas.

Musulmans d'Algérie

Toute personne née ou vivant en Algérie  avant 1962 sous le statut d'indigène qui correspond dans les faits à relever du droit coutumier musulman pour certaines dispositions telles que le mariage et l'héritage.

Français d'Algérie

Toute personne née et vivant en Algérie  avant 1962 avec le statut de citoyen Français. Descendant d'autochtones israélites ou de colons, ces derniers peuvent voir leur ancienneté remonter à six générations au moment de l'indépendance.
Une minorité de personnes de culture arabo-musulmane avaient ce statut.

Pogrom

Mot d'origine russe désignant une attaque accompagnée de pillages et de meurtres dirigée contre une minorité ethnique, historiquement au XIXè siècle en Russie et Ukraine contre les juifs et dans une moindre mesure les catholiques.
Les pogroms se sont ensuite répandus pendant la période nazie en Allemagne et en Europe.
Récemment étendu pour des exactions dirigée contre toute minorité ethnique ou religieuse, comme pour le pogrom de Constantinople visant la minorité grecque orthodoxe en Turquie.

Dans le cadre de la guerre d'Algérie, ce terme n'est pas ou peu utilisé pour nommer les exactions commises à l'encontre des populations non musulmanes

Ratonnade

Néologisme utilisé d'abord dans la littérature anti-colonialiste pour qualifier une expédition punitive contre les populations arabo-musulmanes, il est utilisé de manière indifférenciée avec l'expression chasse à l'Arabe.
Ce terme n'est pas exactement une acceptation du terme pogrom considérant des victimes arabo-musulmanes.
Si le pogrom s'applique uniquement pour qualifier une agression de populations civiles prises au hasard dans la rue ou chez elles du  fait de leur appartenance ethnique, la ratonnade a un sens plus large.
En particulier, ce terme est fréquemment utilisé lors de répressions de manifestations politiques plus ou moins violentes, voire même lors d'affrontements armés dont on relèverait des victimes arabo-musulmanes.
Son emploi répond avant tout à une volonté de propagande anti-colonialiste, et c'est dans ce but qu'il a été créé.

  1.  "...Bouyac's pro-French,  anti-algerian attitude..." Prochaska parlant ici de l'historien Français du XIXe Bouyac dénonce sa position pro-Française et anti-Algérienne, la partie Algérienne s'entendant ici comme arabo-musulmane  - Making Algeria French: Colonialism in Bône, 1870-1920 - David Prochaska

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Last updated: 08/11/11.